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Comment j’ai traversé l’espace interplanétaire

 

 

Je fus forcé d’attendre trois jours jusqu’à ce que Nebogipfel s’estimât lui-même prêt au départ ; il s’agissait, dit-il, d’attendre que la Terre et notre région de la Sphère entrassent dans une configuration mutuellement propice.

J’envisageai ce voyage imminent avec non pas de la peur, car j’avais, après tout, déjà survécu à pareille traversée de l’espace interplanétaire, mais avec un intérêt croissant. Je spéculai sur les moyens par lesquels le yacht spatial de Nebogipfel pût être propulsé. Je songeai à Jules Verne et aux raisonneurs de son Gun Club mettant à feu ce ridicule canon qui tirait un obus habité en direction de la Lune. Mais il ne fallait qu’un minimum de calcul mental pour démontrer qu’une accélération suffisante pour propulser un projectile au-delà de l’attraction terrestre eût été assez forte pour étaler comme de la confiture de fraises ma misérable chair et celle de Nebogipfel sur les parois internes de l’obus.

Comment, alors ?

C’est un lieu commun que de dire que l’espace interplanétaire est dépourvu d’air ; nous ne pourrions donc pas voler jusqu’à la Terre comme des oiseaux, car les oiseaux utilisent la capacité de leurs ailes à s’appuyer sur l’air. Sans air, pas de poussée ! Peut-être, spéculai-je, mon yacht spatial serait-il propulsé par une forme perfectionnée de fusée de feu d’artifice, car une fusée, qui se meut en repoussant derrière elle la masse de son propre combustible, pourrait fonctionner dans le vide de l’espace, à condition d’emporter de l’oxygène pour entretenir sa combustion…

Mais c’étaient là spéculations bien terre à terre, enracinées dans ma pensée d’homme du dix-neuvième siècle. Comment pouvais-je dire ce qui serait possible en l’an 657 208 ? J’imaginai des yachts louvoyant sous l’attraction du Soleil comme en face d’un vent invisible ; ou alors, songeai-je, y avait-il une manipulation quelconque de champs magnétiques ou autres ?

Ainsi se déchaînaient mes suppositions jusqu’à ce que Nebogipfel m’invitât pour l’ultime fois à quitter l’Intérieur.

Lorsque nous tombâmes dans l’obscurité morlock, je penchai la tête en arrière et regardai s’amenuiser le disque solaire ; et, juste avant de chausser mes lunettes, je me fis la promesse que la prochaine fois que mon visage sentirait la chaleur de l’astre des Hommes, ce serait dans mon propre siècle !

 

Je m’attendais à être emmené dans l’équivalent morlock d’un port, avec de grands yachts spatiaux noirs comme ébène blottis contre la Sphère tels des paquebots à quai.

Or il n’y eut rien de tel ; Nebogipfel m’escorta – sur une distance de quelques milles seulement, parcourue grâce à des trottoirs roulants découpés dans le Sol – jusqu’à une zone vide d’artefacts, de cloisons et de Morlocks en général, mais sans autres particularités. En son centre s’élevait une enceinte close de dimensions réduites, une capsule aux parois transparentes légèrement plus grande que ma personne – comme une cabine d’ascenseur –, carrément posée sur le Sol éclaboussé d’étoiles.

Sur un geste de Nebogipfel, j’entrai dans ce compartiment. Nebogipfel me suivit, et, dans un sifflement, la porte à diaphragme se ferma hermétiquement derrière nous. Le compartiment était grossièrement rectangulaire, ses coins et ses angles arrondis lui donnaient un peu l’apparence d’une pastille oblongue. Pas de mobilier ; il y avait toutefois des barres verticales fixées ici et là dans la cabine.

Nebogipfel enserra de ses doigts pâles l’une de ces colonnes.

— Vous devriez vous préparer. Lors du lancement, la pesanteur effective change brutalement.

Ces calmes paroles eurent le don de m’inquiéter. Les yeux de Nebogipfel, obscurcis derrière ses lunettes, me considéraient avec leur habituel mélange déconcertant de curiosité et de profondeur ; et je vis ses doigts raffermir leur prise sur le pilier.

C’est alors – la chose se passa plus vite que je ne puis la décrire – que le Sol s’ouvrit. Le compartiment tomba de la Sphère, entraînant Nebogipfel et moi dans sa chute.

 

Je poussai un cri et agrippai un pilier tel un enfant s’accrochant à la jambe de sa mère.

Je levai les yeux : la surface de la Sphère était à présent transformée en un toit noir, immense, qui occultait la moitié de l’Univers à mes regards. Au centre de ce plafond, je voyais un rectangle d’une noirceur plus pâle : la porte par laquelle nous avions émergé. Sous mes yeux, cette embrasure rapetissait avec notre éloignement et, de toute manière, elle était déjà en train de se replier. Elle traversa mon champ de vision avec une majestueuse lenteur, mettant en évidence le fait que notre capsule commençait à culbuter dans le vide. Ce qui s’était passé était clair : le premier écolier venu peut aboutir au même résultat en faisant tourbillonner une fronde autour de sa tête et en lâchant la ficelle. Eh bien, la « ficelle » qui nous avait retenus à l’intérieur de la Sphère en rotation – la solidité de son Sol – avait à présent disparu et nous avions été projetés sans cérémonie dans l’espace.

Et, en dessous de moi – c’est à peine si j’osais baisser les yeux –, s’ouvrait un gouffre d’étoiles, caverne sans fond dans laquelle nous tombions à jamais, Nebogipfel et moi !

— Nebogipfel, pour l’amour de Dieu, que nous est-il arrivé ? Une catastrophe s’est-elle produite ?

Il me dévisagea. Par quelque déconcertant prodige, ses pieds flottaient à quelques pouces au-dessus du plancher de la capsule, car, tandis qu’elle tombait dans le vide, nous tombions nous aussi, tels des petits pois dans une boîte d’allumettes !

— Nous avons été libérés de la Sphère. Les effets de sa rotation…

— Je comprends tout cela, dis-je. Mais pourquoi ? Devons-nous tomber ainsi jusqu’à la Terre ?

Je trouvai sa réponse tout à fait terrifiante.

— Essentiellement, oui.

Ensuite, je n’eus plus la force de poser d’autres questions, car je m’aperçus que je commençais moi aussi à flotter dans l’exiguë cabine comme un ballon ; cette révélation s’accompagna d’une lutte contre la nausée qui dura de longues minutes.

 

Je recouvrai enfin une maîtrise partielle de mon corps.

Je demandai à Nebogipfel de m’expliquer les principes de son vol vers la Terre. Et, lorsqu’il eut fini, je compris combien élégante et économique était la solution trouvée par les Morlocks pour relier la Sphère à son cordon de planètes survivantes – à un tel point que j’aurais dû la deviner et réfuter toutes mes élucubrations impliquant des fusées. Et pourtant c’était là un nouvel exemple de la tendance à l’inhumanité de l’âme morlock ! Au lieu du grandiose yacht spatial que j’avais imaginé, j’allais voyager de l’orbite de Vénus jusqu’à la Terre dans rien de plus reluisant que ce cercueil en forme de pastille.

Peu d’hommes de mon siècle se rendaient compte à quel point l’Univers n’est que vacuité avec, flottant çà et là, quelques poches de chaleur et de vie, et quelles prodigieuses vitesses sont donc nécessaires pour franchir des distances interplanétaires en un laps de temps raisonnable. Or la Sphère des Morlocks se mouvait déjà, à son équateur, avec une incommensurable vélocité. Les Morlocks n’avaient donc nul besoin de fusées ni de canons pour atteindre des vitesses interplanétaires. Ils laissaient simplement tomber leurs capsules hors de la Sphère et la rotation faisait le reste.

Ainsi avaient-ils procédé pour nous. À pareille allure, m’informa le Morlock, nous devrions atteindre les parages de la Terre en quarante-sept heures exactement.

J’examinai la capsule mais ne pus voir la moindre trace de fusées ni d’aucun autre moyen de propulsion.

Je lévitais comme un géant maladroit dans cette petite cabine ; ma barbe flottait devant mon visage telle une nuée grise et ma veste ne cessait de remonter sous mes omoplates.

— Je comprends les principes du lancement, dis-je à Nebogipfel, mais comment cette capsule est-elle guidée ?

Il hésita quelques secondes puis dit :

— Elle ne l’est pas. Avez-vous mal compris ce que je vous ai dit ? La capsule n’a besoin d’aucune force motrice, car la vélocité qui lui est impartie par la Sphère…

— Oui, dis-je impatiemment, j’ai compris tout cela. Mais supposons qu’à la suite d’une erreur dans le lancement nous soyons en train de dévier de notre trajectoire et allions manquer la Terre…

Car j’étais conscient que la moindre erreur au départ de la Sphère, ne fut-ce que d’une fraction de degré, pouvait, vu l’immensité des distances interplanétaires, nous faire manquer la Terre de plusieurs millions de milles, et qu’ensuite, vraisemblablement, nous continuerions de voler à jamais dans le vide entre les étoiles, maudissant les responsables jusqu’à l’expiration de notre réserve d’air !

Il parut troublé.

— Il n’y a pas eu d’erreur.

— Mais tout de même, insistai-je, s’il y avait une erreur, à la suite, peut-être, d’un défaut mécanique, comment alors pourrions-nous, dans cette capsule, rectifier notre trajectoire ?

Il réfléchit quelque temps avant de répondre :

— Il n’existe pas de défauts, répéta-t-il. Aussi cette capsule n’a-t-elle pas besoin de la propulsion correctrice que vous suggérez.

Je ne pus d’abord le croire tout à fait, et il me fallut demander à Nebogipfel de le répéter plusieurs fois avant que je n’acceptasse cette vérité. Car c’était vrai : une fois éjecté, l’engin filait entre les planètes sans plus d’intelligence qu’une pierre qu’on lance. Et ma capsule traversait l’espace aussi passivement que l’obus lunaire de Jules Verne.

Lorsque je protestai devant la légèreté de cet arrangement, j’eus l’impression que le Morlock était scandalisé – comme si je tentais d’imposer à un ecclésiastique aux idées ostensiblement larges la discussion d’un sujet moralement douteux –, et je renonçai.

La capsule tournait lentement sur elle-même, faisant pivoter autour de nous les étoiles lointaines et l’immense muraille qu’était la Sphère ; je crois que sans cette rotation il m’eût été possible de m’imaginer en sécurité dans un lieu fixe – quelque désert nocturne, peut-être. Mais ce mouvement de culbute me rappelait constamment que j’étais dans une boîte fragile, perdue au profond de l’espace et tombant sans soutien, ni attache, ni possibilité de direction. Je passai mes premières heures dans cette capsule paralysé par la peur. Je ne pouvais m’habituer à la transparence des parois qui nous entouraient ni à l’idée qu’à présent que nous étions lancés nous n’avions aucun moyen de modifier notre trajectoire. Ce voyage avait tout du cauchemar – une chute libre dans une insondable obscurité sans pouvoir rectifier la situation pour sauver ma vie. Voilà donc résumée la différence essentielle entre l’esprit d’un Homme et celui d’un Morlock. Car quel Homme confierait sa vie à un parcours balistique sur des distances interplanétaires sans avoir un moyen quelconque d’infléchir sa trajectoire ? Mais ainsi raisonnaient les Néo-Morlocks : après un demi-million d’années d’une technologie continuellement perfectionnée, un Morlock ferait sans réfléchir confiance à ses machines, car ses machines ne le trompaient jamais.

Mais je n’étais pas un Morlock !

Peu à peu, toutefois, mon humeur se radoucit. Mis à part le lent basculement de la capsule, qui se poursuivit tout au long de mon voyage vers la Terre, les heures s’écoulèrent dans un calme et un silence seulement interrompus par la respiration chuchotée de mon compagnon morlock. Il faisait juste assez chaud à l’intérieur de l’engin et je flottais dans un confort physique total. Les parois étaient faites de la matière infiniment modulable du Sol et, sur un geste de Nebogipfel, je disposai de nourriture, de boissons et d’autres commodités, bien que le choix en fût plus limité que dans la Sphère, dotée d’une plus grande mémoire que notre capsule.

Nous traversâmes donc la grandiose cathédrale de l’espace interplanétaire avec une aisance parfaite. Je commençai à avoir l’impression d’être désincarné, et un sentiment de détachement et de liberté absolus s’empara de moi. Cette expérience ne ressemblait pas à un voyage, ni même – à l’issue de ces premières heures – à un cauchemar, mais elle prenait les couleurs du rêve.

Les Vaisseaux du Temps
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